Dans cet article, je vous propose d’explorer les similarités et les différences entre les processus de coaching et celui de créativité. Pour cela, prenons comme point de référence le Creative Problem Solving (CPS) représenté ci-contre. C’est le processus de créativité fondamental qui peut être utilisé individuellement comme collectivement.

Ce schéma comprend quatre étapes principales :

  • Le diagnostic :

Il s’agit de collecter un maximum d’informations pour comprendre le besoin du client.

Dans ces deux processus, le coach ou facilitateur utilise le questionnement pour faire son diagnostic. Les outils utilisés sont par exemple les six questions pour le CPS (qui, quoi, comment, pour quoi, pourquoi, combien) que l’on retrouve dans le R (Réalité) de la grille RPBDC en coaching. Dans les deux processus, il peut être nécessaire de revenir au diagnostic à tout moment et d’ajuster l’objectif de coaching ou le défi créatif fixé (CPS) avec le client.

Il existe néanmoins des différences entre les deux processus.  Dans le CPS, cette étape de diagnostic permet de bien cerner le problème du client. Dans le processus de coaching, il s’agit de comprendre le client et notamment son cadre de référence. L’intention des questions est différente, même si l’empathie a aussi sa place au démarrage d’un processus de créativité. Autre différence très importante, il n’existe pas de code de déontologie auquel les facilitateurs CPS pourraient se référer.

  • La clarification :

Une fois le diagnostic posé, il s’agit de clarifier la demande du client et de la contractualiser.

Dans le CPS, nous procédons en deux temps : une projection vers une vision idéale pour ensuite sélectionner au moins un défi créatif. Dans le processus de coaching, la projection est intéressante aussi car elle aide le client à imaginer ce qui pourrait être, puis il s’agit de le guider dans la formulation de l’objectif du contrat de coaching. Dans les deux cas, c’est le client qui formule son défi ou son objectif. Ce cadre est nécessaire pour guider au mieux le client dans son exploration. Les modalités de fonctionnement sont aussi définies à cette étape.

Pour le contrat de coaching, il y a des indicateurs de progrès du client vers son objectif alors que pour le CPS pas d’indicateurs mais des critères de choix des idées (par exemple avoir des idées coup de cœur, des quick wins, des idées disruptives…). Ces critères permettent ainsi de converger sur les idées à garder en priorité afin de répondre au défi créatif. Cela met en évidence une grosse différence dans les attendus d’un coach ou d’un facilitateur : le coach a une obligation de moyens et pas de résultats alors que le facilitateur est attendu pour les moyens et potentiellement aussi sur les livrables (il existe différentes pratiques à ce sujet et c’est là qu’un code de déontologie sur la posture du facilitateur pourrait aider).

  • La transformation

La transformation est l’étape qui commence par l’exploration des idées et aboutit à l’élaboration de solutions.

Une fois le cadre fixé, le travail d’exploration en coaching ou en créativité peut pleinement commencer. Il s’agit d’ouvrir les champs des possibles, d’adopter des angles de vue différents et de sortir des mécanismes automatiques pour construire le futur et aller vers des options et/ou solutions qui peuvent être inattendues. Ce travail peut passer par l’utilisation d’outils ou de techniques comme les métaphores, l’association d’idées, les jeux de rôle, la question magique, le dessin…Cela permet de se reconnecter aux désirs profonds et de solliciter l’enfant intérieur du client. Ici il est question d’Euréka en créativité ou de prises de conscience en coaching. La créativité et le coaching vont permettre d’explorer les émotions pour mettre en mouvement. Et à tout moment un recadrage sur le défi créatif ou l’objectif peut s’avérer utile.

Le processus de créativité est beaucoup plus divergent que celui de coaching. L’idée est d’aller chercher la quantité et d’ensuite de se focaliser sur les « pépites ». Il y a aussi une intention de différenciation et d’innovation. Dans le coaching, il est possible de multiplier les angles de vue mais le coach avance surtout au rythme du client et sur les pistes qui sont pertinentes pour lui.

  • La mise en œuvre

C’est l’étape d’atterrissage et de préparation de l’action.

Après une étape d’exploration, chaque processus requiert un retour à la réalité. C’est l’étape d’ancrage des apprentissages, de mobilisation des ressources et d’identification des prochains pas par le client.  Le facilitateur tout comme le  coach s’assurent que les conditions sont rassemblées pour un passage à l’action sécurisé (i.e  des « bébés » idées protégées grâce à des techniques de renforcement dans le CPS ou un cadre de sécurité pour le passage à l’action du client avec l’outil 3P (Protection, Permission et Puissance)).

Les deux processus agissent sur le développement des idées dans le CPS ou du client en coaching. Il n’y a pas de différences majeures dans la mise en oeuvre.

Les deux processus suivent les mêmes étapes et apportent un cadre nécessaire à la liberté d’exploration et à la mise en mouvement. Le coaching est en lui-même un processus créatif.

Yvane Piolet